Conquérir l’international pour accélérer la relance !

  • Temps de lecture: 4 - 5 min

« Plus de 86 % des entreprises exportatrices ont déjà dépassé leur niveau d’avant crise ! »

Pedro Novo, directeur exécutif en charge de l’export chez Bpifrance, revient sur les actions de Bpifrance pour accompagner les entreprises à l’international.

pedro

L’export fait vivre. Bpifrance accompagne les entreprises même en temps de crise. Pedro Novo, directeur exécutif en charge de l’export nous en dit plus sur les actions menées par Bpifrance pour soutenir les sociétés à l’international et sur sa vision de la relance. “Bpifrance a su imposer son modèle de banque française du commerce extérieur 4.0 en à peine 5 ans en réunissant conseil, financement et assurance à portée de mains des entrepreneurs dans tous les territoires”.  

Bpifrance : Quelles sont les actions menées par Bpifrance à l’international ? 

Pedro Novo : Elles sont multiples. Prospection de nouveaux marchés, financement des ventes avec le crédit acheteur, financement du développement, sécurisations des projets, aide à l'implantation sur de nouveaux marchés, solutions d'accompagnement et des formations... Grâce à ce continuum, nous sommes présents à chaque étape de la vie export d’une entreprise et de son projet d’internationalisation.

En fait, quand une entreprise décide de se projeter à l’international, elle doit prendre la mesure des transformations et organisations que la démarche impose sur ses ressources financières et sur sa vision stratégique, c’est l’ADN de notre offre. Une vision globale pour une réponse globale.

B : Quelle est la part des entreprises françaises qui exportent à l’international ? Comment a évolué ce chiffre depuis 2020 ?

PN : Malgré le contexte de crise et après des années de recul, le nombre d’exportateurs en France est resté globalement stable, atteignant 128 300 sur la période allant du 4e trimestre 2019 au 3e trimestre 2020, soit un nombre identique à la même période un an auparavant. C’est déjà une performance après des années d’érosions.

Dans une configuration pourtant fortement altérée, environ 28 500 entreprises ont commencé une activité d’exportation. C’est la démonstration que nous n’avons pas perdu le combat même si les décrocheurs restent aussi nombreux avec 28 600 entreprises qui ont cessé leurs activités export.

B : Un décrochage qui s'explique par la crise sanitaire mondiale ?

PN : Tout à fait. Mais Bpifrance a participé à la création d’un plan de relance historique et ambitieux. Celui-ci comprend 13 mesures, mises en place en un temps record aux côtés de Business France et de CCI France au sein de la Team France Export (TFE), assurant ainsi sa déclinaison opérationnelle au plus près des territoires.

B : Vous pouvez nous en dire plus ?

PN : Parmi ces mesures, on peut citer les chèques relance Export, auquel s'ajoute sa déclinaison VIE, ou encore l’Assurance Prospection Accompagnement qui est une assurance prospection assortie d’un coaching pour les moins aguerris. Un véritable accompagnement personnalisé lié à un financement. Cette conjugaison façonnée à quatre mains avec la TFE permet aux entreprises de financer leur émergence internationale de manière éclairée et durable. Elle répond à notre détermination à faire émerger les champions de l’export des dix prochaines années, principalement pour les primo-exportateurs. Au total, les ressources budgétaires mobilisées nous permettent de rendre ainsi accessible à près de 5 000 entreprises, sur 3 ans, plus d’1 Md€ de budget d’Assurance Prospection, mettant d’innombrables opportunités de marché à la portée de leur bilan.

Enfin, nous n’avons pas posé le sac à dos en matière de développement Export avec des missions de prospections digitalisées qui ont permis de tenir l’objectif de plus de 150 entreprises projetées en 2020. Il y a eu aussi des webinars décryptant les impacts de la crise et opportunités sur tous les continents, un Relance Export Tour qui nous a conduit sur tous les territoires aux côtés de Christophe Lecourtier, directeur général de Business France et de notre ministre délégué au Commerce Extérieur et à l’attractivité Mr Franck Riester, visant à partager et expliquer le Plan de relance Export et comment le mobiliser.

B : Pensez-vous qu’il va y avoir un regain de l’export dans les prochains mois ?

PN : C’est même absolument certain ! A la vitesse galopante de la vaccination dans le monde, s’ouvre tout aussi rapidement le chemin de la croissance.

Plus de 86 % des entreprises exportatrices ont déjà dépassé leur niveau d’avant crise ! La demande mondiale a déjà explosé sur bien des produits et services et les exportateurs se tournent déjà vers les régions du monde où la reprise sera forte. L’Europe qui reste de loin le premier marché pour nos entreprises à l’international offrira de puissantes opportunités de croissance organique ou par acquisition. Les Etats-Unis dont le mega plan de relance va nourrir une croissance spectaculaire offrira également de belles opportunités pour nos entreprises y compris en Europe pour répondre à cet appel d’air. Si l’Asie Pacifique et l’Amérique du Sud ont été durement frappées, ces zones conservent des perspectives de croissance encourageantes une fois tournée la page covid.
Enfin, last but note least, l’Afrique reste toujours aussi attractive pour autant qu’on sache apprécier avec discernement les perspectives que propose ce continent.

Il ne faut surtout pas rater le train de la reprise mondiale dont la puissance va lancer nos entreprises à l’international pour plusieurs années. C’est maintenant que ça se passe, et c’est notre devoir de nous assurer que nos clients et entreprises en aient parfaitement conscience. Nous devons être des militants du déséquilibre avant et lutter avec acharnement contre la tentation de l’immobilisme ou pire du renoncement ! Les barrières mentales sont nombreuses et nous devons être en veille permanente pour les discerner, les combattre avec nos actions, nos messages, nos solutions. La part psychologique de cette reprise est fondamentale et il nous appartient de l’incarner.

B : Bpifrance a lancé son accélérateur Afrique et a organisé l’événement Inspire & Connect Africa début juin. Quels sont les enjeux économiques autour de ce continent pour les entreprises françaises ?

PN : L’Afrique est face à un défi qui nous emporte dans sa dimension. Les enjeux y sont majeurs et nos destins croisés : la réussite du continent africain assurera la réussite de l’Europe. Son échec serait un fort déstabilisateur pour nos économies.

Fort d’une population qui va doubler d’ici 2050, les besoins sont considérables en infrastructure, agriculture, santé, énergie, transport… mais aussi en défense face à un risque sécuritaire bien présent dans une large bande sahélienne dont les spasmes perlent vers les pays et régions du Sud. Nos entrepreneurs, comme les grands comptes déjà bien installés, disposent de savoirs et de technologies à la mesure des enjeux.

Si nous n’avons pas vraiment réussi l’Asie des 20 dernières années, ne ratons pas l’Afrique des 30 prochaines années. Les perspectives y sont à la fois fascinantes et vertigineuses. Plus qu’ailleurs, il faut en décrypter la réalité des risques, apprendre à lire les opportunités qui se dessinent et savoir interpréter les signaux faibles ou forts : Seule solution ? Faire des entreprises de nos clients, des entreprises africaines, à la fois ambitieuses mais humbles, volontaires mais apprenantes, généreuses mais rigoureuses !

B : L’Afrique, c’est 54 pays et 54 réalités différentes. Certains marchés se distinguent ? 

PN : Complètement. Il existe des hubs attractifs pour les exportateurs français, parmi lesquels : Côte d’Ivoire, Sénégal, Ghana, Kenya, Maroc ou encore la Tunisie malgré les troubles qu’elle traverse.
 
Face à ces perspectives, nous avons équipé le continent de bureaux de représentation à Abidjan en Côte d’Ivoire d’abord comme hub d’Afrique de l’Ouest, puis à Nairobi au Kenya, qui couvre l’Afrique de l’Est et australe. En 2021, nous ouvrirons Casablanca pour couvrir l’Afrique du Nord et Dakar au Sénégal pour assurer le puissant courant d’affaires qu’entretiennent nos entreprises avec la république du Sénégal.

B : Quelles sont les ambitions stratégiques de Bpifrance sur le volet de l’export d’ici 2023 ?

PN : Simplifier la vie des entreprises à l’export en facilitant l'accès aux marchés et aux financements des banques, en facilitant le suivi de leurs clients sur tous les fronts, mais aussi de l’Etat dans le cadre de sa politique de soutien et de diffusion d’outils financiers le tout pour démocratiser l'export.  Si je devais synthétiser quelques points qui dessineront les 3 prochaines années, je retiendrais de manière non exhaustive : une Team France Export toujours plus intégrée et plus forte encore ; permettre aux exportateurs aguerris d’aller plus loin et plus fort mais aussi de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs décomplexés sur les marchés internationaux ; favoriser la transformation verte du commerce extérieur français grâce aux mesures mises en œuvre via le bonus climatique de nos activités d’assurance ou le financement de projet vert à l’export... Des ambitions naturelles, tant l’export fait vivre !