Exposition universelle de Dubaï et entreprises françaises : le combo gagnant

L’exposition universelle de Dubaï s’ouvre le 1er octobre 2021 avec un objectif ambitieux : relancer l’économie mondiale dans un contexte favorisé par l’espoir d’une sortie de crise. Erik Linquier revient pour Bpifrance sur le caractère primordial pour les entreprises françaises de participer à un tel événement. 
 

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Exposition universelle : Pavillon France
Le Pavillon France à l'Exposition universelle, vitrine de l'excellence et du savoir-faire français.

Erik LinquierTop départ pour l’exposition universelle de Dubaï, avec 25 millions de visiteurs attendus sur l’événement d’envergure internationale. Le site attend environ 50 % de visiteurs asiatiques, 20 % de visiteurs européens et 30 % de visiteurs venant des pays du Golfe. Autant d’investisseurs potentiels pour les entreprises françaises présentes durant ces 6 mois de rencontres, de discussions et de conférences autour du thème « Connecter les esprits, Construire le futur ». Après nous avoir dévoilé les coulisses de la préparation de l’exposition, Erik Linquier, Commissaire général pour la France à l’exposition universelle, nous explique pourquoi il est primordial pour les sociétés françaises de participer et se tenir au courant de l’actualité de l’exposition. 

Bpifrance : Erik Linquier, expliquez-nous ce que les entreprises viennent chercher à l’exposition universelle ? 

Erik Linquier : L’exposition est un enjeu pour l’ensemble des entreprises du territoire français, avec une implication qui va être de nature différente selon sa taille et son secteur d’activité. Les sponsors, majoritairement des sociétés du CAC 40 qui contribuent financièrement à la participation de la France à l’exposition, ont un objectif essentiellement d’image envers le grand public. Des entreprises comme Renault ou Accor sont présentes dans notre exposition permanente sur la mobilité. Elles peuvent aussi avoir un objectif BtoB à travers des événements organisés sur le pavillon. 

En dehors de ces sponsors, de manière concrète, et cela vaut pour les grandes entreprises comme pour les PME et les ETI, l’événement est un lieu de rencontre et de prospection, voire de conclusion de contrat, soit en direct, soit à travers des missions collectives organisées par Business France, Bpifrance ou encore les chambres de commerce. Il y a plusieurs milliers d’entreprises qui participeront à l’exposition pendant ces 6 mois. Notre mission est de s’adresser à la fois au grand public et aux entreprises, ainsi qu’au monde de la recherche. L’exposition universelle joue un rôle d’accélération à la fois pour les réseaux, mais également pour les travaux en matière de technologie et d’innovation. 

B : Quels sont les enjeux diplomatiques pour la France à travers sa participation à l’exposition ? 

EL : Créer un réseau de contacts avec l’ensemble des pays présents est évidemment une des motivations. Les relations avec le pays organisateur sont forcément très spéciales et très fortes. Dans le cas des Emirats arabes unis, il y a un faisceau très dense de relations économiques, politiques, culturelles et militaires. Pour la France, c’est très important d’être présent ici, d’autant plus que nous avons l’un des pavillons les plus grands et les plus visibles du site.

B: Est-ce facile d'organiser un tel événement aux Emirats arabes unis ? 

EL : Sur le fond, c’est un milieu extrêmement intéressant, que je trouve très professionnel, du point de vue de la conception et de l’organisation d’un grand événement tel que celui d’une exposition universelle. C’est quelque chose qu’on ignore trop souvent, mais dans un monde pré-Covid 19, Dubaï était, derrière Paris, l’endroit dans le monde où il s’organisait le plus de salons professionnels, loin devant Francfort, New-York, ou d’autres grandes métropoles. 

Il y a ici, [ndlr : à Dubaï] une tradition du secteur évènementiel, qui en soit est favorable, y compris en matière de sourcing des fournisseurs, par exemple. Hors infrastructure (notamment la ligne de métro qui a été construite récemment), il y a un investissement massif fait par les Emiratis sur l’événement. On est sur un budget de 7 milliards d’euros, ce qui créé un contexte favorable pour mener à bien le projet, que ce soit au niveau de la construction ou des activités mises en place. 

B : Quel budget la France a-t-elle investi dans l’exposition universelle ?

EL : 30 millions d’euros, hors effet Covid, avec une répartition du budget aux deux tiers pris en charge par l’Etat, et le reste par le privé. On a eu un certain nombre de surcoûts lors de la pandémie, lié notamment à la mise aux normes sanitaires des infrastructures, que l’Etat a pris à sa charge. Il s’agit sans doute de l’un des budgets les plus faibles des grands pays du monde. Le budget chinois culmine à 120 millions de dollars, le budget japonais à 90 millions, tandis que les Allemands ont dépensé 50 millions d’euros. Les Britanniques sont à peu près au même budget que nous, ce qui est finalement assez modeste pour une exposition universelle. 

B : Quels sont les enjeux de souveraineté qui sous-tendent la participation à un tel événement ? 

EL : Il y a plusieurs enjeux pour la France. Le premier global et central, est celui du rayonnement de l’attractivité française. En effet, et je le vis depuis que nous sommes arrivés, il existe ici une forme de rivalité et de compétition entre les pays où chacun explique qu’il est le meilleur, le plus innovant, le plus performant, et veut démontrer sa capacité d’accueil et d’investissement. Chacun doit définir un angle qui le rend attractif aux yeux des publics de l’exposition. Les visiteurs internationaux doivent ressortir avec une bonne image, dans notre cas, de la France, tout en jouant d’ailleurs sur des leviers traditionnels. Ils arrivent vers le pavillon français en cherchant de la mode, du tourisme, de la gastronomie. L’idée c’est qu’ils en repartent en se disant que la France est à la pointe en matière de mobilité, de smart city et d’intelligence artificielle. Ce qui pourra favoriser les investissements dans nos entreprises innovantes. 

B : Justement, combien d’entreprises innovantes seront présentes pour représenter la France à Dubaï ? 

EL : Beaucoup, et c’est justement l’enjeu ! C’est pour cela que nous avons énormément travaillé avec les équipes de Business France, de Bpifrance et surtout des Régions. L’idée, est d’avoir une présence d’entreprises françaises sur chacune des douze thématiques qui orchestrent cette saison. Cependant, très peu d’entreprises seront présentes de manière permanente. Une startup ne peut pas être là sur 6 mois. L’objectif est plutôt d’être présent au bon moment. C’est pourquoi nous avons mis en place des missions collectives, afin de faire se rencontrer les clients, les partenaires, les concurrents, bref, l’ensemble de l’écosystème. 

B : A la suite de leur participation, quelles retombées peuvent espérer les entreprises ? 

EL : Il y a plusieurs réponses possibles. A l’échelle du pays, j’ai évoqué les enjeux d’attractivité, de part de marché ou encore de présence des investisseurs étrangers en France par exemple. Dans le cadre d’une exposition universelle, il y a toujours une volonté d’accélérer l’innovation. On y a, par exemple, dévoilé pour la première fois la machine à écrire, ou encore le tapis roulant. On peut d’ailleurs découvrir l’histoire des inventions majeures présentées lors des expositions universelles sur le site officiel. 

Aujourd’hui, nous sommes loin des expositions du début du siècle dernier, et ce qui est présenté constitue la pointe de la recherche scientifique et technologique mondiale. Cela créé un mouvement global d’ouverture et de commerce. Mais il y a une touche supplémentaire dubaïote, c’est le premier événement de ce qu’on espère être la sortie de la crise du Covid. Les Emirats ont l’ambition de voir comment on peut combiner l’accélération du développement économique avec d’autres enjeux tels que le développement durable ou l’écologie. Et surtout, comment trouver un nouveau modèle de développement économique. Ce que nous voulons pour les entreprises françaises, c’est de les rendre plus attractives, de faciliter leur internationalisation, d’attirer les capitaux, et de favoriser l’échange entre les chercheurs et les entrepreneurs.